Mimas tiliae

Mimas tiliae mâle
Mimas tiliae mâle
Mimas tiliae femelle
Mimas tiliae femelle

Mimas tiliae (Linnaeus, 1758)

Sphinx tiliae Linnaeus, 1758, Syst. Nat. (Edn 10) 1: 489.

Localité type: non précisée [Europe].

Le Sphinx du tilleul

Anglais: Lime Hawkmoth; Allemand: Lindenschwärmer; Castillan: esfinge del tilo

Taxinomie

Pas le moindre problème en France. La population des montagnes Alborz (nord de l’Iran) a été nommée Mimas kitchingi par Melichar & Řezáč, 2015 sur une petite distance génétique (le séquençage du gène mitochondrial CO1 donne environ 2,5% de différence). Les auteurs notent également une légère différence dans les armatures génitales mâles.  Il n’y a pas le moindre caractère distinctif sur les habitus.

Distribution

Monde:toute l’Europe, de l’Espagne à l’Angleterre, sud de la Scandinavie, Grèce, sud de la Turquie, Georgie, Daghestan, Azerbaijan, Kazakhstan jusqu’à l’ouest de la Sibérie. Un spécimen pakistanais, fortement éloigné de l’aire de distribution connue, est signalé par Pittaway. L’insecte iranien a récemment été décrit par Melichar & Řezáč, 2015 comme bonne espèce, sous le nom de kitchingi. Selon Ian Kitching lui même, il s’agit au mieux d’une sous-espèce de Mimas tiliae, mais il n’exclut pas la synonymie. 

France: absolument partout, même dans le centre des grandes villes.

Plantes-hôtes

Surtout Tiliae sp. mais aussi Alnus, Prunus, Carpinus, Castanea, Acer, Betula, Corylus, Juglans et Quercus.

 

M_tiliae_série light
Exemple de variation chez le mâle de Mimas tiliae. Tous ces exemplaires ont été collectés à Le Roc, Laplume (47310) France © Jean Haxaire

Ce ravissant Sphingidae est l’habitant des jardins publics des villes et des villages. Il est commun jusque dans certains centres-ville, si l’urbanisme a respecté quelques espaces verts. Il est d’une grande variabilité, allant du brun fauve au vert sombre. La forme et l’importance de la bande médiane des ailes antérieures sont sujettes à fluctuation, et il a été décrit et nommé pour cette seule espèce des dizaines de formes individuelles. Précisons au passage que le code de nomenclature ne reconnaissant pas les noms de rang infrasubspécifique, il est totalement inutile de nommer ces formes qui n’ont aucune valeur taxinomique. Par le simple élevage, il est possible d’en obtenir la majorité juste avec des facteurs environnementaux, comme la température ou l’alimentation, ce qui démontre bien qu’il n’existe pas de base génétique mais seulement des critères écologiques susceptibles de modifier l’habitus de cette espèce. Même le critère couleur n’est pas fixé, j’ai obtenu d’une même femelle toute la palette allant du vert sombre à l’ocre rouge.

Ce Sphingidae vole dès les premiers beaux jours, de la mi avril à la fin juillet en montagne. Il vient aux lampes tôt en début de nuit, et est assez régulier. Il ne craint pas les biotopes fortement boisés, et se collecte en sous-bois jusqu’à 2000 m dans les Alpes et les Pyrénées. L’adulte ne prend pas de nourriture. La seconde génération existe dans le sud, mais elle est toujours partielle.

Forme extrême pratiquement dépourvue de motif provenant de Karaganda, Kazakhstan   © Pascal Régnier

 

La femelle vierge de tiliae est très attractive et ce dès la tombée de la nuit et je me souviens d’une soirée à Ramonville st . Agne (31) où j’allais disposer dans une petite prairie une femelle fraîchement éclose de mes élevages, et où le premier mâle est arrivé dans la minute, pour s’accoupler avec l’insecte qui était encore posé sur ma main. Je n’avais pas dû parcourir plus de 50 mètres mais ses phéromones faisaient déjà effet.

Ce papillon pond sur toutes les espèces de tilleul, mais aussi sur divers feuillus comme le noisetier, le charme, le bouleau, le chêne, l’orme et même le châtaignier et le noyer. Sa chenille est assez semblable à celle d’ocellatus, plus fine, plus mobile et d’un vert plus soutenu virant au jaune, avec une corne bleue dorsalement et rouge ou jaune ventralement. La zone comprise à l’extrémité de l’abdomen, juste entre les fausses pattes anales porte des granulations rouge carmin. Cette chenille devient d’une couleur franchement vineuse juste avant de descendre de son arbre pour s’enterrer, ce qui probablement lui confère un camouflage plus efficace lorsqu’elle déambule au sol. Elle est alors particulièrement sensible au toucher, se courbant avec violence d’un côté à l’autre.

La chrysalide est fine et longue, noire mat et faiblement enterrée. Les chenilles sous nourries donnent des imagos très pales, peu marqués et de très petite taille. Cela rejoint mon premier commentaire sur l’influence des facteurs environnementaux.

Ce papillon semble voler sur tout notre territoire, à l’exception de certaines zones arides du midi de la France. Il est présent dans tous les départements.

<- Sphinx maurorum     Marumba quercus ->