Hyles livornica (Esper, 1779)
Sphinx livornica Esper, 1780, Die Schmetterlinge 2: 87, 88, 196.
Localité type: Italie, [Livourne].
Le Sphinx livournien
anglais: Striped hawkmoth; allemand: Linienschwärmer; castillan: Esfinge rayada, Oruga de esteva; italien: Falena linea.
Taxinomie
L’insecte ne ressemble qu’à son congénère américain Hyles lineata (Fabricius, 1775). Il s’en distingue rapidement par l’absence de la ligne blanche médiane du milieu des ptérygodes. Eitschberger, Danner & Surholt (1998: 269) ont décrit les livornica du Népal au rang de bonne espèce sous le nom de renneri sur la base de caractères mineurs de l’habitus. L’insecte est en effet plus sombre, et d’aspect plus rond. Cette espèce a été mise en synonymie par Kitching & Cadiou (2000: 123). Lorsque j’ai vu le type (et la série paratypique) de renneri, j’ai été étonné par l’aspect de l’insecte, tellement différent de ce que j’observais en Europe. L’analyse génétique montre que cette mise en synonymie aura peut-être été précipitée. Personnellement, je crois en la validité de l’espèce renneri.
Distribution
Monde: toute l’Afrique, l’Europe, l’Asie centrale jusqu’au sud de l’Inde, Tibet, sud de la Chine et Japon. Une étonnante population signalée de Guyane Française (Haxaire, 1993), population parfaitement installée, mais qui ne semble pas s’étendre.
France: potentiellement partout.
Plantes-hôtes
Rumex, Polygonum, Asphodelus (dont il consomme les graines), mais aussi Vitis, Parthenocissus, Fuchsia, Galium, Antirrhinum, Plantago, Zygophyllum, Emex. En captivité, elle accepte encore plus de plantes, dont de nombreuses ligneuses (Betula, Olea, Eucalyptus, Arbutus…).
C’est un migrateur de moins en moins occasionnel. Je ne sais si la tendance actuelle se confirmera, mais j’en trouve un peu plus chaque année. En 2007, livornica était le compagnon de toutes mes prospections entomologiques dans le sud-ouest et dans les Pyrénées, et j’en ai vu pratiquement toutes les nuits entre le début mai et la fin juin. Ce phénomène est incroyable si l’on pense qu’en 1994, date à laquelle j’ai commencé à allumer une lampe tous les soirs à Laplume, j’en attirais péniblement un individu dans l’année, et 5 en moyenne à partir de 2000. En 2007, j’atteignait 5 en une seule nuit. Désormais (2015), je ne les compte plus. Je trouve même sa chenille sur les Epilobium hirsutum qui bordent nos routes du Lot & Garonne.
Les premiers exemplaires qui viennent aux lampes dans l’année (mai-juin) sont souvent d’un tel état de fraîcheur qu’il ne fait pour moi plus le moindre doute que ses chrysalides passent l’hiver en France.
Même si force est de constater que l’insecte est de plus en plus commun, il faut se garder de généraliser et d’envisager une extension de l’aire de répartition de l’espèce liée au réchauffement climatique. Il y a déjà eu dans le passé des années à livornica (voir Haxaire 1993). L’avenir nous dira si la tendance se confirme.
Biotope typique d’Hyles livornica en Iran, Province de Yazd, route de Abarkuh à Eqlid et mâle d’Hyles livornica, Iran, Province d’Esfahan, route de Kashan © Pierre Ducamp
Le Sphinx livournien est une espèce à vol crépusculaire et parfois même diurne. Les journées de forte chaleur, il est fréquent de voir cette espèce butinant les fleurs des jardins en plein après-midi. Ce comportement diurne est plus fréquent chez les exemplaires en phase migratoire.
H. livornica a une aire de répartition immense s’étendant de l’Afrique au Japon. Il est très abondant dans les zones semi-desertiques où pratiquement rien d’autre ne vole. En Iran, durant le mois de mai 2014, Pierre Ducamp et moi-même en avons attirés des centaines à nos lampes dans la province d’Esfahan. Les premiers migrants arrivent en France dès le début du mois de mai, pour produire une ou deux générations selon le climat local. Si l’espèce n’est pas rare sur le pourtour méditerranéen, sa capture dans les départements du nord reste exceptionnelle.
Sa chenille consomme un nombre incroyable de plantes basses, comme les Rumex, Polygonum, Galium, Fuchsia, Plantago… Elle apprécie beaucoup la vigne en élevage.
Elle se développe à très grande vitesse pour produire une chrysalide en moins de trois semaines. La chrysalide peut quant à elle éclore en quinze jours à peine. Le cycle de cet Hyles est donc particulièrement rapide. Rien ne prouve que sa chrysalide passe systématiquement l’hiver dans notre pays, mais c’est très probable, au moins dans les départements du sud.