Hemaris tityus

Hemaris tityus mâle
Hemaris tityus mâle
Hemaris tityus femelle
Hemaris tityus femelle

Hemaris tityus tityus (Linaeus, 1758)

Sphinx tityus Linnaeus, 1758, Syst. Nat. (Edn 10) 1: 493.

Localité type: non spécifiée [Europe].

Le Sphinx bourdon ou le Sphinx bombyliforme ou le Sphinx de la scabieuse

Anglais: Narrow-bordered Bee Hawkmoth; Allemand: Skabiosenschwärmer.

Taxinomie

En France, l’insecte ne peut être confondu qu’avec H. fuciformis, dont il se distingue par la bordure submarginale de ses ailes plus étroite, et la couleur de son abdomen. Il est très proche d’Hemaris galunae Eitschberger, Müller & Kravchenko, 2005 décrit de Syrie (et connu du sud-est de la Turquie) et la distinction s’effectue sur d’infimes nuances de coloration. Il est tout aussi proche d’Hemaris aksana (Le Cerf, 1923) décrit du moyen Atlas  et dont le thorax est plus jaune, l’aire basale grise de l’aile antérieure plus étendue. Enfin, les aires submarginales de l’espèce marocaine sont plus larges et plus sombres.

Distribution

Monde: de l’Espagne à l’Irlande, s’étendant à l’est jusqu’aux Tian Shan de l’ouest de la Chine et de l’est du Kazakhstan.

France: L’insecte est potentiellement partout, mais en fait sa répartition est particulièrement disjointe. Il semble plus fréquent en moyenne montagne, et dépend très strictement de la présence de sa plante-hôte (qui est la condition nécessaire, mais visiblement pas suffisante). Je ne connais pas de station où il soit vraiment commun comme peut l’être son congénère fuciformis et suis preneur de toute information.

Plantes-hôtes

Surtout Knautia arvensis et Succisa pratensis, mais aussi d’autres Knautia et Scabiosa. Les autres plantes fréquemment citées (Galium, Lonicera, Symphoricarpos, Dipsacus et Lychnis) n’ont jamais été confirmées par nos observations de terrain. Par contre, en captivité, la chenille accepte assez spontanément le Dipsacus fullonum (Cardère sauvage / Cabaret des oiseaux)

Petit sphinx diurne, jamais commun, qui vole dans des terrains bien ouverts, avec une préférence pour les zones sablonneuses. On le voit alors butinant les sauges (Salvia) mais aussi les Ajuga, Lychnis, Knautia et Scabiosa aux heures les plus chaudes de la journée. Il vole de mars à juin, avec parfois une seconde génération en août. Je n’en ai jamais vu beaucoup, même si dans les Pyrénées, à partir de la mi-mai tityus est une rencontre assez classique dans les prairies fleuries d’altitude moyenne.

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Mâle d’Hemaris tityus au repos sur Scabiosa sp. France, Haut de Belfort (90), sentier vers Tour de Miotte, 459m, 31 VII 2016 © Françoise Breton. Ce cliché montre le biotope traditionnel de l’insecte.

On le distingue de son congénère fuciformis de part son aspect plus court, plus massif et ses ailes plus hyalines, finement bordées de brun alors que les ailes de fuciformis présentent une large aire submarginale brun rougeâtre. H. tityus ressemble plus à un hyménoptère que fuciformis (d’où son nom vernaculaire). Comme son congénère, tityus présente à l’éclosion des écailles verdâtres clairsemées sur ses plages hyalines, écailles qui disparaissent dès les premiers battements d’ailes.

L’insecte pond sur Scabiosa et Knautia spp. Il m’est arrivé de trouver de belles séries de cette chenille, surtout sur des terrains arides à maigre végétation du sud est de la France (Var, Alpes de Haute Provence). Dans tous les cas l’élevage est particulièrement frustrant, produisant majoritairement des mouches tachinaires à la place du papillon attendu. Ce très haut niveau de parasitisme explique peut-être la rareté de l’insecte.

La chenille reste cachée sous la rosette de feuille de sa plante lorsqu’elle ne se nourrit pas. Elle est vert tendre plus ou moins fortement marquée de taches latérales roses. Sa corne est du même rose. Elle remonte souvent dévorer les fleurs au de sa plante-hôte, profitant généralement des heures fraîches du matin. C’est de cette façon que je les trouve, en repérant dans les prairies les Knautia ou les Scabieuses « décapitées » et en recherchant ensuite sous les feuilles basales.

Les chenilles n’aiment pas vraiment la captivité ni la promiscuité, et il est conseillé de les élever dans des grandes cages bien éclairées et très ventilées sur plante vivante et non pas coupées et dans l’eau.

La chenille vire au rose vineux avant de se mettre en route pour se nymphoser. Elle élabore un cocon rudimentaire sous les feuilles, juste à la surface du sol. La chrysalide, noire mat, est extrêmement fragile et meurt souvent durant l’hiver, ce qui n’arrange rien. C’est donc un élevage hasardeux et délicat.

La répartition de cette espèce en France est très mal définie, et j’attends avec intérêt toutes les signalements que le lecteur voudra bien me faire parvenir.

Une département vient enfin de se combler. Il était prévisible, mais désormais, la confirmation est tombée. Madame Françoise Breton a photographié un splendide mâle de l’espèce sur fleur de Scabieuse, au repos dans la journée dans le Territoire de Belfort (90), au niveau de la Tour de Miotte (459) le 31 juillet 2016. Le biotope qu’elle présente est classique de cette espèce, altitude moyenne, prairie ensoleillée et bien entendu la plante-hôte en abondance.

Toute ma reconnaissance va à Olivier Bouteleux (Antibes, 06) qui m’a expédié des œufs de cette espèce, ce qui a fortement complété ma galerie. 

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