Hyles hippophaes hippophaes
Sphinx hippophaes Esper, 1789, Die Schmetterlinge (Suppl.) (Abschnitt 2): 6, pl. 38, figs 1–3.
Localité type: Wallachei, Milkowfluss bei Foran [région de Wallachia, sud de la Roumanie].
Le Sphinx de l’argousier
anglais: Seabuckthorn Hawkmoth, Seathorn Hawkmoth; allemand: Sanddornschwärmer; castillan: Esfinge del espino amarillo; italien: Sfinge dell’olivella spinosa
Taxinomie
En Europe, la sous-espèce nominative est constante. L’insecte est reconnaissable à son aspect « linéaire ». Les autres sous espèces, Hyles hippophaes bienerti (Staudinger, 1874) et Hyles hippophaes miatleuskii Eitschberger & Saldaitis, 2000 volant du sud de la Turquie à l’Asie centrale et à la Chine (Xinjiang) sont la version pâle de notre insecte. Ces deux sous-espèces n’ont à mon sens aucune valeur. En Turquie, zone charnière, on passe progressivement de la forme nominative à l’insecte plus clair. La sous-espèce miatleuskii est quant à elle un parfait synonyme de bienerti.
Distribution
Monde: nord de l’Espagne, sud de la Suisse, nord de l’Italie, Slovénie, Roumanie, Bulgarie, Moldovie, nord de la Grèce, îles de la mer Égée et ouest de la Turquie.
France: voir ci-dessous
Plantes-hôtes
Hippophae rhamnoides et Elaeagnus angustifolia, mais aussi Elaeagnus hortensis et Elaeagnus argentea.
Un Hyles localisé mais pas franchement rare. Il vole dans les régions méditerranéennes de basse et moyenne altitude, où pousse sa plante-hôte (Hippophaes rhamnoides). Son biotope de prédilection est l’éboulis exposé plein sud des contreforts alpins ou les anciennes vallées glaciaires. Il vole en une génération de la fin mai à juillet, et vient très bien à la lumière.
Cette espèce est d’aspect plus rectiligne que Hyles euphorbiae, avec lequel il est possible de le confondre. Le meilleur critère distinctif est le bord proximal de l’aire sombre postmédiane, presque parfaitement droit chez hyppophaes alors qu’il s’incurve fortement en CU2 chez euphorbiae.
La chenille de ce petit Hyles consomme les feuilles d’argousier, mais durant la journée elle est le plus souvent plaquée à la base du tronc de cette plante ou sous les pierres juste au pied de l’arbuste. Elle présente un motif nettement plus terne et plus uniforme que celui des autres Hyles de France. Elle est en effet remarquablement cryptique, exactement de la couleur vert grisâtre du feuillage de sa plante hôte. Il est donc probable que cette chenille est totalement comestible. Autant il est aisé de repérer les chenilles d’Hyles euphorbiae à grande distance (et même en roulant en voiture), autant la découverte d’une chenille d’H. hippophaes nécessite un certain coup d’œil.
Cette chenille est peu variable, mais on peut signaler deux teintes classiques, l’une vert grisâtre et l’autre gris argenté. La tache orange cerclée de sombre qui prolonge sur le onzième segment la corne caractérisant les chenilles de Sphingidae peut également exister sur les segments de 10 à 6. Ce fait est exceptionnel.
Dans la nature, on trouve parfois sur Epilobium dodonaei les chenilles de l’hybride naturel entre H. hippophaes et H. vespertilio. Le fait m’a été signalé par Jean Michel Bompar et Daniel Chanselme.
La chrysalide éclot en quelques semaines si les conditions climatiques le permettent, et on peut donc avoir une seconde génération (partielle) en août.
C’est l’insecte du sud est par excellence, et on le trouve dans les Basses et Hautes Alpes, dans l’Isère, en Ardèche, dans le Vaucluse, les Bouches-du-Rhone et dans le Rhône. Il serait surtout inféodé à la vallée de la Durance (Daniel Chanselme et Pascal Regnier com. pers.) avec quelques prolongements partout où pousse sa plante-hôte. On peut ainsi citer l’importante donnée de Jacques Neid publiée dans la revue l’Entomologiste (2006: tome 62 n°5-6 p 181) mentionnant la trouvaille d’un adulte engourdi au petit matin, sur fleur de pétunia le 6 août 2006 à Labergement-Sainte-Marie (900m), département du Doubs. Il est des citations étonnantes, et non vérifiées, comme celle de Terrence Hollingworth reprise dans http://www.cen-mp.org/observations/atlasPapillons mentionnant l’insecte de la commune de Camon (09) dans le département de l’Ariège. Une confirmation de la présence de l’insecte dans les Pyrénées serait la bienvenue. Moins surprenante est celle de Rouast (1873) qui a observé l’insecte à Lyon (69), Parc de la Tête d’Or. Quand on voit le niveau de pollution atteint à l’heure actuelle par la ville de Lyon, on reste songeur sur l’évolution de notre environnement.