Sphinx pinastri

Sphinx pinastri mâle
Sphinx pinastri mâle
Sphinx pinastri femelle
Sphinx pinastri femelle

Sphinx pinastri Linnaeus, 1758.

Sphinx pinastri Linnaeus, 1758, Syst. Nat. (Edn 10) 1: 492.

Localité type: Non précisée [Europe].

Le Sphinx du pin

Anglais: Pine Hawkmoth ; Allemand: Kiefernschwärmer; Tannenpfeil; Castillan: esfinge del pino.

Taxinomie

Voir sous Sphinx maurorum. La détermination certaine ne peut être effectuée qu’avec la dissection (voir à ce sujet la page S. maurorum). A l’est de la région paléarctique, l’insecte est remplacé par Sphinx morio (Rothschild & Jordan, 1903). La distinction entre les deux espèces est d’une grande simplicité, Sphinx morio n’a pratiquement pas de trompe et cela se répercute sur la chrysalide qui n’a pas le petit fourreau décollé, remplacé par une légère protubérance.  De plus, S. pinastri est actif et s’accouple avant minuit alors que S. morio s’accouple avant la levée du jour (Litvinchuk 1986: 134).

Distribution

Monde: Toute l’Europe, à l’exception de l’Espagne (où il est remplacé par S. maurorum) jusqu’à l’ouest de la Sibérie. Il est présent en Géorgie, dans le Caucase, en Crimée, le sud de la Turquie, le Liban et Israël. L’insecte a été introduit en de nombreuses occasions en Amérique du nord, et des exemplaires  ont été capturés en Pennsylvanie, Californie, Montana et Alberta (Hodges, 1970: 72). Il semble ne jamais s’être sédentarisé.

France: Toute la moitié nord, une partie du Massif Central, et à l’Est descend jusque dans les Alpes. Répartition exacte à préciser de par sa ressemblance et fréquente confusion avec Sphinx maurorum. Dans le sud-est de la France (Toulon, 83), on trouve une population d’hybrides probables entre les espèces pinastri et maurorum (Jean-Michel Bompar com .pers.). Au niveau genitalia, il est impossible de trancher avec certitude entre l’une ou l’autre espèce (voir la page maurorum pour trouver une illustration des genitalia de ces individus). 

Plantes-hôtes
Toutes les espèces du genre Pinus, mais aussi Picea sp., Larix sp., Cedrus sp., et même Pseudotsuga menziesii (Le sapin de Douglas) (Pittaway, 1993: 88)
Espèce remarquablement cryptique. Sphinx pinastri vole surtout dans la moitié nord de la France et dans les Alpes. L’immense majorité des pinastri signalés du sud de la France sont en fait des S. maurorum. Je l’ai trouvé assez communément dans les dunes boisées du littoral Nord Pas-de-Calais. Il dépend directement de la présence de sa plante-hôte. Partout où l’on trouve des Pinus en abondance, comme dans les Vosges par exemple, l’insecte est commun.

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Sphinx pinastri butinant une fleur de Silene vulgaris (=inflata), Hongrie © Szabolcs Safian

Cette espèce est fréquente dans les biotopes secs et chauds, boisés de Pinus. Il vole de la mi-mai à la fin juillet, généralement avant minuit et à nouveau en août-septembre (seconde génération) dans les biotopes les plus chauds.  Posé sur un tronc d’arbre, il est pratiquement impossible à repérer tant sa couleur se fond dans les écorces des pins qui l’abritent. Il butine dès la tombée de la nuit les fleurs odoriférantes, en particulier celles de Chèvrefeuille et de Silène. Son vol est rapide et silencieux.

Sa chenille consomme la majorité des espèces de pins, avec une préférence pour le pin sylvestre (Pinus sylvestris). Elle est signalée sur Larix et Cedrus, fait que je n’ai jamais vérifié. Elle est verte striée de blanc avec une large bande dorsale brune. Il existe une forme brune que je n’ai jamais trouvée. Je n’ai pour ma part observé cette forme brune que chez l’espèce voisine maurorum. J’illustre ci-dessous la chenille de l’hybride présumé pinastri X maurorum (© Jean-Michel Bompar). Dans la mesure où la majorité des auteurs ont confondu ces deux espèces, nous étudierons très méticuleusement ces stades larvaires dans un futur proche. Cette chenille manifeste une nette préférence pour les petits arbres, ou les branches basses des arbres de plus grande taille. Elle est donc assez aisée à localiser.

Sa chrysalide est brun rougeâtre, bien enterrée et présente un court fourreau de trompe. Le papillon éclos parfois à la fin de l’été, mais le plus souvent la chrysalide hiberne pour donner naissance à l’adulte l’année suivante (parfois même deux années plus tard). C’est l’un des Sphingidae de France le plus facile à élever, et dans des conditions chaudes et sèches, le cycle est remarquablement court, les chenilles faisant preuve d’une incroyable voracité. Les stades se succèdent alors et en moins de 20 jours on obtient les chrysalides.

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