Les anciens
La famille des Sphingidae est une des plus connues qu’il soit. Il y a eu des Sphingologues célèbres, le premier étant bien entendu Karl Von Linné (1707-1778), descripteur d’un très grand nombre d’espèce dans un genre unique, le genre Sphinx. Les belles espèces de la faune de France ont été nommées par cet illustre naturaliste suédois, père de la nomenclature binomiale.
Je ferai un jour une page dédiée au grands sphingologues du passé, mais ici je me contenterai d’énumérer les incontournables.
Juste après Linné, Hübner, Fabricius, Cramer, Boisduval, Walker, Felder, Druce, Butler, Kirby, Burmeister, Holland pour ne citer que les grands descripteurs, sont les prédécesseurs de celui qui restera dans l’histoire des Sphingidae comme le plus incroyable, le plus novateur, le plus talentueux spécialiste de cette famille: Karl Jordan.
De son vrai nom Heinrich Ernst Karl Jordan (1861-1959), cet auteur décrira pas moins de 3426 espèces nouvelles pour la sciences, pas uniquement des Sphingidae bien entendu, mais l’oeuvre de sa vie demeurera sans conteste la monumentale « Revision of the lepidopterous family Sphingidae » parue en 1903 (en collaboration avec Lord Walter Rothschild). Cet ouvrage de 972 pages demeure pour tous les spécialistes l’incontournable, le livre qui a remis de l’ordre dans un fatras épouvantable de synonymies, d’erreurs de nomenclature et de systématique approximative. Jordan se paye le luxe d’esquisser une classification phylogénétique des Sphingidae 50 ans avant que Willi Hennig ne popularise la méthode. A noter que Jordan publiait le plus souvent avec Lord Walter Rothschild, ce qui permit à ce dernier de commettre (entre autre) un peu moins de synonymes. Walter Rothschild était nettement le financier de l’équipe, puisqu’il possédait sa propre revue, Novitates Zoologicae, et fonda son Museum, le Tring Museum, qui est désormais partie du Natural History Museum de Londres.
Après Jordan, une série de spécialistes/descripteurs se succédèrent, mais les noms qui ressortent sont sans conteste ceux de Benjamin Preston Clark, Bruno Gehlen et Kurt Kernbach. Les deux premiers entretenaient une certaine rivalité qui a poussé à la surenchère de descriptions, mais beaucoup de leurs espèces sont valables, et la compétition Clark/Gehlen restera célèbre dans l’histoire du sphinx. La fabuleuse collection Clark est désormais au Carnegie Museum de Pittsburgh. C’est une des plus belles du monde.
Les actuels
Il serait difficile de n’oublier personne. Il m’est agréable de présenter ci-dessous une petite galerie des entomologistes sphingologues (vous aurez compris que le mot n’existe pas) que je juge incontournables, et dont la rencontre est toujours pour moi un immense enrichissement. J’y ajoute mon père spirituel, Jean Marie Cadiou, disparu trop tôt et de façon tragique. Parler de Sphinx sans parler de Jean Marie est chose impossible. Il est donc toujours actuel.
avec Charles V. Covell Jr., l’auteur du célèbre « A Field Guide to Moths of Eastern North America » au Mc Guire Center, Gainesville, University of Florida, mai 2015