Déterminer un Sphingidae français ne pose normalement pas trop de problème, à l’exception du couple Sphinx pinastri/Sphinx maurorum pour lequel la dissection est indispensable. Certains spécimens d’Hyles euphorbiae peuvent aussi être problématiques. Un très gros H. euphorbiae peut ressembler (superficiellement) à un petit H. nicaea. Un H. euphorbiae plus marqué peut évoquer H. dahlii (voir à ce propos la rubrique H. dahlii).
Pour le lecteur qui souhaite approfondir son approche de la famille en France où en Europe, je suggère fortement la consultation des ouvrages suivants, sachant que la taxinomie est une science évolutive, et qu’une sous-espèce peut très bien avoir changé de statut et être désormais au rang de bonne espèce.
Rougeot & Viette, 1978: Guide des papillons nocturnes d’Europe et d’Afrique du nord. Editions Delachaux & Niestlé 228 pages, 40 planches en couleur.
A mon avis l’ouvrage incontournable pour appréhender la famille en Europe. Les connaissances ont beaucoup évolué depuis cette période, mais ce qui est écrit demeure globalement exact. Certes dahlii n’est plus une sous-espèce d’euphorbiae, mais l’idée n’était pas ridicule, et certains auteurs y reviennent, surtout depuis l’analyse génétique du complexe. L’illustration, que l’on doit à mon regretté collègue (et ami) Jacques Boudinot, est absolument remarquable. Les répartitions sont forcément incomplètes, surtout pour certains insectes que l’on ne comprenait pas vraiment en 1978, comme le Sphinx maurorum. Pour moi, ouvrage indispensable, mais suis-je objectif? Ce livre m’accompagne en effet dans toutes mes missions européennes depuis 30 années. Ajoutons qu’il traite aussi les Notodontidae, Saturniidae et Lasiocampidae. La relecture du Rougeot & Viette donne un état de la systématique au moment de la parution de l’ouvrage, soit en 1978. Le livre n’est pas à négliger, et rien n’exclu qu’un jour on n’en reviendra pas à la même approche du genre Hyles.
Planche 32 de l’ouvrage Rougeot & Viette: les variations de Mimas tiliae.
A. R. Pittaway, 1993: The Hawkmoths of the Western Palearctic. Harley Books, 240 pages, 21 planches (20 en couleur).
Un livre important dans la bibliothèque du Sphingologue, qui apporte beaucoup d’informations sur les répartitions, les plantes-hôtes, l’élevage, les parasites, la bibliographie. Je lui reproche juste une illustration un peu austère. Quand on ne parle que des Sphingidae palearctiques, on aimerait voir des séries.
Cet ouvrage apporte également une description extrêmement précise des stades larvaires et illustre toutes les chrysalides.
L’auteur présente dans ce livres 4 planches d’exception, des illustrations couleurs des stades larvaires des espèces paléarctiques peintes par ses soins. Cela donne à l’ouvrage un cachet « ouvrage ancien »
Mon chapitre préféré reste le 6ème, « Ecology of Western Palearctic Sphingidae » qui fourmille d’informations inédites.
Danner, Eitschberger & Surholt, 1998: Die Schwärmer der westlichen Palearktis. Herbipoliana, Volume 1, 719 planches; Volume 2, texte 368 pages.
Un ouvrage monumental, de part son volume (et son poids!). Il repose sur les splendides élevages et photos de Fritz Danner. Sur 719 planches, on trouvera tous les stades larvaires connus des espèces paléarctiques, et l’ouvrage est en ce sens unique. On trouvera après les imagos et les stades larvaires des dizaines de planches de genitalia. C’est la partie un peu fastidieuse de l’ouvrage, 90% de ces planches ne présenteront pas le moindre intérêt pour la majorité des lecteurs.
Le volume texte présente une systématique un peu étonnante de cette faune, avec des quantités de genres et sous-genres nouveaux, et la majorité des sous espèces rehaussées au rang de bonnes espèces. La majorité des nouveaux taxons de ce livre ont été depuis synonymisés par Kitching & Cadiou (2000).
D’un tempérament plus « réunisseur » (à la manière de Tony Pittaway), je ne partage pas l’approche taxinomiste de l’auteur principal (U.E.) mais j’adore son livre. L’idée de présenter les fac-similés des descriptions originales est excellente. Les planches couleurs sont luxueuses. Je le consulte très souvent, et il demeure à ce jour inégalé. Seul reproche, et c’est la rançon de sa fabuleuse illustration, il coûte une fortune.
Freina & Witt, 1987 Die Bombyces and Sphinges der Westpalearktis, volume 1. Edition Forschung & Wissenschaft Verlag GmbH. 708 pages, 46 planches couleurs, 330 cartes de répartitions et 370 figures in-texte.
Encore un très beau livre, très bien illustré. Les cartes de répartitions sont excellentes, les planches couleurs de qualité. Un investissement qui peut avoir son intérêt si l’on est, en plus des Sphingidae, intéressé par les autres familles de Bombycoidea… et il faut lire l’allemand.