Marumba quercus ([Denis & Schiffermüller], 1775)
Sphinx quercus [Denis & Schiffermüller], 1775, Ankündung syst. Werkes Schmett. Wienergegend: 41, 244.
Localité type: Vienne, Autriche.
Le Sphinx du chêne vert
Anglais: Oak Hawkmoth; Allemand: Eichenschwärmer; Castillan: esfinge de la encina; esfinge del roble
Taxinomie
Pas de problème particulier, mais une grande variabilité. L’espèce présente des formes géographiques bien différenciées, dont certaines ont été décrites comme sous-espèces. Toutes ont été placées en synonymie par Pittaway (1993: 93).
En France, les exemplaires des Corbières sont plus pâles que ceux du Tarn et Garonne et du Lot, mais il est difficile de généraliser, l’insecte variant d’un massif au suivant. Je pense donc qu’il n’existe sur l’aire de répartition de l’insecte que des formes écologiques. J’émets juste un petit doute quant à la mise en synonymie de Marumba quercus schirasi O. Bang-Haas, 1938 avec l’insecte typique. Les insectes iraniens que j’ai pu voir ne correspondent à aucune des formes observées de la France à la Grèce et Turquie. Un matériel plus important sera nécessaire pour confirmer/infirmer cette impression.
Distribution
Monde: Sud de la France, Péninsule Ibérique, toute l’Europe centrale jusqu’à la Turquie, Israël, Liban, Jordanie, Iran, Georgie, Kazakhstan et Turkmenistan.
France: tout le pourtour méditerranéen, remontant vers le nord dans toutes les zones calcaires de basse à moyenne altitude, avec pour limite le sud de la Corrèze.
Plantes-hôtes
L’insecte accepte la majorité des chênes, mais affectionne plus particulièrement Quercus pubescens, Q. ilex et Q. suber. Il est donné de Quercus coccifera par Pittaway (1993: 94). Je ne l’ai jamais observé sur cette plante.
Splendide insecte de grande taille, c’est même notre plus grand Smerinthinae. L’imago ne se nourrit pas, et présente une trompe atrophiée. Il vole dans le sud de la France, du Lot au Lot et Garonne, descendant ensuite jusqu’au Pyrénées Orientales. Il est commun sur le pourtour méditerranéen et dans les départements limitrophes (Héraut, Bouches du Rhone, Var, Alpes de Haute Provence, Vaucluse…) Son incursion la plus au nord semble être la région de Brive la Gaillarde au sud de la Corrèze.
L’espèce vole de la mi-mai à la mi-juillet dans les biotopes chauds et secs boisés de Quercus pubescens et Quercus ilex. Sa femelle arrive aux lampes en début de nuit, le mâle bien après minuit et parfois en abondance. Il tombe alors à une dizaine de mètres du piège lumineux, et c’est souvent le bruit qu’il fait en battant des ailes dans la végétation qui permet de le localiser. Les fortes puissances lumineuses semblent plus répulsives qu’attractives pour ce Sphingidae. Il m’est arrivé d’en attirer plus d’une quinzaine la même nuit dans certains biotopes du Tarn et Garonne, du Var ou des Alpes de Haute Provence. Le nombre normal se situe plutôt autour de cinq dans une nuit.
Je ne lui connais pas de seconde génération en France.
La femelle, nettement plus rare aux lampes, pond spontanément en cage dès sa capture.
L’élevage de cette espèce n’est pas aisé, contrairement aux autres Smerinthinae de France qui supportent le confinement. Je conseille l’élevage sur arbre en pot, ou directement en manchon sur les branches. La jeune chenille présente la particularité remarquable de ne manger, au premier stade, que le chorion de son œuf avant de s’immobiliser pour sa première mue. Il est donc très important de lui laisser ce chorion à consommer. Adulte, elle se distingue des chenilles des autres Smerinthinae par le fait que les lignes obliques qui ornent ses flancs sont alternativement fines et épaisses. Elle se nourrit de diverses espèces de Chênes, et certaines variétés américaines (Quercus cerris) donneraient des résultats remarquables (encore que concernant cette plante les avis divergent, un collègue me signalant qu’au contraire elle serait toxique pour les chenilles de M. quercus!). Autre singularité de l’espèce, la chenille présente 6 stades larvaires contre 5 chez la majorité des Sphingidae de France. Elle vire au gris-violacé avant la nymphose.
Pour distinguer cette chenille des 3 autres espèces de Smerinthinae, voir ici.
Je n’ai jamais eu beaucoup de chance avec cet élevage, et obtenir les 100% me semble un challenge impossible. Mon plus beau résultat a été obtenu en construisant une cage de 1,5m² autour d’un jeune pied de Quercus pubescens et en laissant les chenilles s’y débrouiller. Mais même lorsque l’on obtient la chrysalide, rien n’est gagné, puisque cette chrysalide ne supporte ni l’humidité excessive ni la sécheresse et sa diapause hivernale est de ce fait aussi délicate que l’élevage des chenilles. L’idéal semble être de la laisser enterrée tout l’hiver.
Il n’y a qu’une génération dans l’année, particulièrement étendue.