Hippotion celerio

 

 

Hippotion celerio mâle
Hippotion celerio mâle
Hippotion celerio femelle
Hippotion celerio femelle

Hippotion celerio (Linnaeus, 1758)

Sphinx celerio Linnaeus, 1758, Syst. Nat. (Edn 10) 1: 491.

Localité type: non spécifiée [Europe].

Le Sphinx phoenix

anglais: Silver-striped hawkmoth; allemand: Grosse Weinschwärmer; castillan: Esfinge de la parra

Taxinomie

Il n’y a pas de problème taxinomique avec cet insecte.

Distribution

Monde: Toute l’Afrique et l’Europe, traversant l’Asie centrale jusqu’au sud de l’Inde, l’Asie du sud-est, l’Indonésie, la Nouvelle Zélande, La Papouasie Nouvelle Guinée, l’Australie, les îles Salomon, les Vanuatu et la Nouvelle Calédonie. C’est donc l’un des Sphingidae qui présente l’aire de répartition la plus importante au monde.

France: potentiellement partout, mais surtout dans l’extrême sud.

Plantes-hôtes

La chenille de l’insecte est trouvée sur un nombre considérable de plante: Vitis, Cissus, Parthenocissus, Arum, Galium, Fuchsia, Epilobium, Impatiens, Convolvulus, Scrophularia, Verbascum, Syringa, Rumex, Begonia, Mirabilis, Cissus, Zantedeschia, Caladium et bien d’autres.

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Mâle d’Hippotion celerio, Iran, province de Yazd, 2 mai 2013 © Jean Haxaire

Ce petit Sphingidae est un migrateur occasionnel venu d’Afrique, comme Daphnis nerii. Comme lui, il est potentiellement partout, mais, en fait, toujours très rare. Sans vouloir décourager l’amateur d’une telle rencontre, je tiens à dire qu’en 30 années d’entomologie, je n’ai sur le territoire européen été confronté personnellement à cette espèce qu’à 6 reprises. Une chenille trouvée dans le sud de l’Espagne, province de Grenade en 1973, 4 exemplaires attirés en Andalousie et un adulte en fort mauvais état trouvé mort à proximité de Montauban, (82) en 2002. Un spécimen mâle a été attiré aux U.V à Grisolles (82) par mon collègue et ami Jean Noël Carsus. J’ai reçu un très beau spécimen collecté dans Ecquevilly (78) en plein centre ville par Eliezer Poirot le 3 décembre 2011. Un mâle a été trouvé le  6 novembre 2015 à Salses-le-Chateau (66) par Stéphane Grenier. Un mâle a été attiré à La Garde (83) par Jean Claude Grandmaire en début d’automne 2015. Olivier Bouteleux me signale un mâle de l’espèce trouvé à l’aéroport de Nice le 29 février 2016. Sans énumérer la liste des rencontres avec ce beau migrateur, il faut juste signaler que c’est le plus souvent à la fin de l’automne et en hiver qu’elles se produisent. C’est maigre, et cela montre bien combien la présence de cet insecte dans nos régions est un fait exceptionnel. Il n’est pas résident en
Europe, et chaque année ce sont des individus erratiques qui traversent nos régions, remontant jusqu’en Ecosse, Danemark, Suède et Lituanie. Il produit dans le sud de la France deux ou trois générations mais à ma connaissance sa chrysalide ne survit pas à nos hivers.

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Mâle d’Hippotion celerio Espagne Andalousie Piste Cortijo Grande à Gafarillos Sierra de Cabrera 498m 14 VI 2015 © Jean Haxaire

Ce fait explique la curieuse carte de répartition de l’espèce. Il est certain que l’insecte est potentiellement partout, mais n’a pas encore été trouvé partout.  Je dirais que le département qui offre le plus de probabilité de concrétiser sa rencontre est celui des Pyrénées Orientales, surtout sur le littoral (Perpignan, Banyuls, Collioure ….).

La chenille L1 est très petite, et très fragile. Elle est d’élevage aisé sur la vigne.  Aux deux premiers stades elle perfore la feuille de petits trous, ce qui souvent trahi sa présence, un peu comme les jeunes chenilles d’Hemaris. Elle consomme principalement des Vitaceae (Vitis et Parthenocissus spp.) mais acceptera beaucoup d’autres plantes comme les Fuchsia, Epilobium, Begonia, Cissus…) Les ébauches d’ocelles latérales thoraciques sont visibles en L2 (petits ponts noirs), et en L3, les ocelles sont généralement doubles et très visibles. Cette larve présente comme la chenille d’elpenor deux formes de coloration au stade L5, une vert-tendre et une brune (claire ou sombre). La corne est fine, mais bien développée ce qui évite toute confusion avec une chenille adulte de Deilephila elpenor. Juste avant la nymphose, elle change de couleur, et devient beigeâtre, pour rechercher l’endroit favorable à sa chrysalidation. La chrysalide est formée dans un cocon rudimentaire formé à la surface du sol entre des débris végétaux variés. Son évolution est très rapide, et j’ai obtenu dans un élevage des imagos en moins de 15 jours. Cette chrysalide est très sensible aux basses températures qu’elle ne supporte pas, et décède rapidement au dessous de 8°C. Cela est peut être lié à la finesse de sa cuticule, la plus fine de toutes les chrysalides de Sphingidae européens. C’est la raison pour laquelle je ne peux croire qu’elle puisse hiberner sous nos latitudes.  

Si en France l’insecte est rare, c’est dans certaines régions d’Afrique et d’Asie centrale le Sphingidae le plus abondant, venant par centaines aux pièges lumineux. Je l’ai collecté à Bornéo, en Thailande, aux Philippines et il vole en Australie.

Je tiens à remercier ici très chaleureusement Julia Niermann (Jéna, Allemagne), qui m’a aimablement procuré une ponte de l’espèce provenant d’Egypte, ce qui me permet  d’enrichir ma galerie en clichés des tout premiers stades. 

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